Frédéric Adnet présente la collection URG'

Frédéric Adnet, chef de service du SAMU de Paris et professeur des universités, il est auteur de plus de 290 articles scientifiques et divers ouvrages de médecine d'urgence. 📚 Auteur de livres à succès tels que ⁠URG' de Garde 2025-2026 ou encore URG’ ECG (2e édition), Frédéric Adnet présente son parcours atypique en tant que médecin-chercheur, ses missions au quotidien mais aussi les origines de ces deux ouvrages. Crédits 🎙️ Script et voix : Aude Guivarc’h pour JLE 🎧 Montage : Amani Kriaa pour JLE

[Aude Guivarc’h pour JLE] (0:06 - 0:45)

Bienvenue sur « Quoi de neuf d’auteur ? », le podcast qui donne la parole aux autrices et auteurs de JLE, éditeur reconnu en médecine, science et technique. Ensemble, nous allons découvrir leur parcours, leurs spécialités et surtout les messages qu'ils souhaitent partager à travers leurs ouvrages.

Dans ce nouvel épisode, nous avons le plaisir d'accueillir le professeur Frédéric Adnet, chef de service du SAMU de Paris, qui est également professeur des universités et auteur de plus de 290 articles scientifiques et de plusieurs ouvrages de médecine d'urgence, dont Urg’ de Garde et Urg’ ECG, qui sont parus chez Arnette, une marque d'édition de JLE.

Monsieur Adnet, merci énormément d'avoir accepté de participer à cet épisode de « Quoi de neuf d’auteur ? » pour nous partager votre expérience.

[Frédéric Adnet] (0:46 - 0:48)

Bonjour et merci de m'accueillir.

[Aude Guivarc’h] (0:48 - 0:54)

Avec plaisir. Est-ce que vous pourriez nous en apprendre plus sur vous et sur votre parcours professionnel ?

[Frédéric Adnet] (0:54 - 4:04)

Ah, écoutez, mon parcours professionnel est assez atypique puisque j'ai toujours été attiré par les sciences de la vie, la médecine, mais aussi par les sciences fondamentales, la physique, les mathématiques. Et figurez-vous que j'ai commencé ma carrière comme physicien, comme physicien nucléaire. J'ai soutenu une thèse de physique nucléaire et j'ai été maître de conférences en physique dans un laboratoire où on manipulait des lasers, mais j'avais fait en même temps que mes études de physique, mes études de médecine.

Donc j'étais un des rares médecins-physiciens. Et comme j'ai eu la chance d'avoir un poste de maître de conférences, j'ai commencé par faire de la recherche en physique nucléaire. Mais très rapidement, les patients me manquaient, les contacts humains me manquaient, l'art de soigner me manquait.

Et assez rapidement, au bout de 3-4 années de recherche dans un laboratoire du CNRS, j'ai pu bifurquer vers, parce que la fac où je faisais de la physique faisait aussi de la médecine, et on était à proximité de l'hôpital Avicenne. J'ai pu bifurquer de mon poste de maître de conférences en physique vers un poste de maître de conférences en médecine au sein du SAMU de la Seine-Saint-Denis, où j'ai commencé ma carrière de médecin, que j'ai poursuivie jusqu'à maintenant. Je ne regrette pas du tout mon choix.

Autant la physique est passionnante, autant la médecine a ce petit plus qui réside dans les contacts avec les gens, avec les patients, dans l'art de soigner, avec les grandes satisfactions que ça peut procurer, qui n'existent que peu dans les sciences fondamentales. Donc voilà, je suis passé d'un fondamentaliste à un médecin, qui évidemment, compte tenu de ma formation, a commencé à faire de la recherche médicale, de la recherche clinique, dans le cadre de la médecine d'urgence. Et j'ai donc accompagné la médecine d'urgence à travers de la recherche, mais aussi de la pratique, d'abord en SAMU, puis progressivement aux urgences intrahospitalières, pour finalement devenir chef de service du SAMU de la Seine-Saint-Denis et des urgences de l'hôpital Avicenne et Jean-Vervier.

Ça a été une bonne vingtaine d'années de ma carrière, où j'ai pu à la fois faire du soin, faire de la recherche, et puis avoir une gestion des équipes qui n'est pas une mince affaire. Et récemment, j'ai pu être nommé au SAMU de Paris comme chef de service. Je suis plutôt en fin de carrière, donc ça fait deux ans que je suis chef de service du SAMU de Paris.

J'ai donc abandonné l'exercice intrahospitalier de la médecine d'urgence, mais c'est un choix que je ne regrette pas. Le SAMU de Paris est un service très prestigieux, très exigeant, que je découvre avec satisfaction, et donc je suis actuellement au SAMU de Paris et très heureux d'y être.

[Aude Guivarc’h] (4:05 - 4:14)

Et du coup, pourquoi avoir choisi la médecine d'urgence comme spécialité ? Est-ce qu'il y a eu un déclic, une situation marquante qui vous a orienté vers la médecine d'urgence ?

[Frédéric Adnet] (4:14 - 5:21)

Alors, un déclic, peut-être pas, parce que j'ai toujours été attiré, je vous l'ai dit, par les sciences de la vie et la médecine. Mais ce que j'aime beaucoup dans la médecine, c'est l'instantanéité, c'est-à-dire la médecine de l'aiguë, c'est-à-dire répondre à des situations aiguës et pouvoir avoir une action immédiate sur cette pathologie qui décompense, c'est-à-dire de mettre des traitements rapidement, d'avoir, si vous voulez, une médecine dont le résultat dépend du temps, c'est-à-dire que c'est ce qu'on appelle l'urgence, la médecine qui est une fonction du temps.

Et la médecine de l'aiguë est vraiment ce que je préfère, toujours maintenant, je comprends que d'autres praticiens peuvent préférer la médecine de maladie chronique ou la médecine de famille, de suivi, qui est aussi une médecine tout à fait noble, mais j'ai toujours une appétence sur les situations aiguës, rapides, pour lesquelles notre action procure, si vous voulez, des résultats immédiats.

[Aude Guivarc’h] (5:22 - 5:31)

Est-ce que vous pourriez nous préciser à quoi ressemble votre quotidien et quelles sont vos missions en tant que directeur du service du SAMU de Paris ?

[Frédéric Adnet] (5:31 - 7:23)

Actuellement, mon quotidien en tant que chef de service d'un service universitaire se partage dans la triple fonction des praticiens hospitalo-universitaires, c'est-à-dire qu'une bonne partie de mon temps est consacrée à la recherche et à l'enseignement et l'autre partie de mon temps est consacrée aux soins, c'est-à-dire je prends mes gardes dans les camions du SAMU, je prends mes gardes en régulation médicale.

J'ai toujours eu une appétence pour le contact avec les patients, donc malgré ma fin de carrière, je suis toujours auprès des patients pour leur procurer des soins. J'essaie toujours de m'encadrer d'externes, d'internes, puisque la mission de l'enseignement est une mission que j'ai toujours mis au premier plan, que je considère comme extrêmement noble, et j'arrive à un âge où le partage des connaissances est pour moi ma mission essentielle. Et donc j'ai vraiment une appétence pour cette mission d'enseignement dans le cadre du soin, mais aussi dans le cadre universitaire, à la faculté ou dans les staffs, dans le service.

Et bien sûr, il ne faut pas oublier la recherche clinique, là aussi où on initie et on suit des protocoles de recherche clinique, et c'est aussi une bonne partie de mon temps. Effectivement, il ne faut pas non plus oublier la partie administrative, qui malheureusement est de plus en plus prégnante, mais il faut assurer l'avenir de mes jeunes praticiens, faire les démarches pour les titularisations, suivre les temps de travail, tout ceci prend aussi du temps et c'est la partie managériale qui est aussi une composante importante de mon temps de praticien.

[Bruit de fond : annonce haut-parleur] C'est bien parce que ça fait un peu de... on est dans un service.

[Aude Guivarc’h] (7:24 - 7:45)

Vous êtes également auteur de nombreux livres à succès, que ce soit auprès des professionnels confirmés comme des internes, notamment pour la collection Urg’, et vous avez récemment écrit la deuxième édition de Urg’ ECG qui est parue en mai, ainsi que la huitième édition de Urg’ de garde qui est parue en janvier. Est-ce que vous pourriez nous présenter ces deux ouvrages qui sont parus cette année ?

[Frédéric Adnet] (7:45 - 11:15)

Oui, alors effectivement, j'ai coordonné et écrit Urg’ de garde et Urg’ ECG. Urg’ de garde, on est à la huitième édition. C'était un bouquin qui me manquait quand je prenais mes gardes aux urgences, que ce soit au SAMU ou aux urgences intrahospitalières.

Un bouquin qui pouvait me dire, non pas me résumer par pathologie, la clinique, la physiopathe et les voies thérapeutiques, mais plutôt un bouquin de recettes, comme des recettes de cuisine, qui me donne, une fois que j'ai fait le diagnostic, la conduite à tenir immédiate, et non pas me dire, utilisez ce médicament-là ou un autre, vous pouvez utiliser une dose comprise entre tel et tel chiffre. Non. Et c'est l'objectif de ce bouquin, c'est de donner une conduite à tenir avec le médicament le plus approprié et avec une dose bien précise. Urg’ de garde, c'est un bouquin où il y a des fiches par pathologie, qui met le praticien dans la situation « j'ai fait le diagnostic, je veux instituer le traitement, qu'est-ce que je dois faire ? ».

Et souvent on est obligé d'aller voir 2-3 sites pour avoir le meilleur traitement, là on a tout de suite le meilleur traitement, la meilleure molécule, avec sa posologie recommandée. C'est un bouquin qui est actualisé tous les 2 ans, avec les recommandations nationales et internationales qui évoluent très rapidement, c'est pour ça qu'on est obligé de refaire une édition tous les 2 ans, où pratiquement 50% des recommandations ont été changées. Et j'en suis très fier parce qu'il a du succès, et c'est un livre up to date, c'est-à-dire avec les recommandations les plus récentes, que j'ai pu classifier par niveau de preuve, on sait que la médecine est basée sur des preuves, et ces preuves ont un certain niveau, un niveau 1 où on doit faire ce traitement, un niveau 2 où le traitement on doit le faire mais il n'est pas forcément totalement démontré, et un niveau 3 où le traitement est simplement un consensus d'experts, c'est-à-dire qu'il n'y a pas réellement de preuve de son efficacité. J'ai pu hiérarchiser toutes mes fiches de protocole avec ce niveau de preuve, et on sait que la médecine c'est une balance bénéfice-risque, pour aider le praticien dans son choix thérapeutique, mais encore une fois avec un souci à la fois de simplification, et d'être exhaustif à la fois dans le choix de la molécule, mais surtout dans sa posologie.

Et mon deuxième livre c'est Urg’ ECG, là aussi j'ai été passionné par la lecture des ECG, j'ai beaucoup travaillé sur les ECG, et je crois que c'est un examen complémentaire que les praticiens, que les médecins urgentistes, les internes, les externes doivent pouvoir interpréter, et là aussi j'ai essayé de faire un bouquin le plus simple possible, mais qui reprend les principales troubles à l'électrocardiogramme, qu'ils soient des troubles du rythme, des troubles liés à une ischémie myocardique, ou des troubles métaboliques, avec je l'espère un livre facile d'accès, très compréhensible, et là aussi avec un souci de simplicité, et de donner des ECG qui soient très facilement lisibles, avec plein de schémas.

Là aussi ce livre a rencontré un certain succès, et j'espère qu'il pourra aider nos jeunes praticiens, les externes, les internes, à être beaucoup plus à l'aise dans la lecture de l'ECG, et surtout de pouvoir faire un diagnostic, après avoir lu un ECG, pour instaurer un traitement.

[Aude Guivarc’h] (11:16 - 11:29)

L'un des événements les plus marquants de l'année dernière, donc de 2024, c'était les Jeux Olympiques, qui ont attiré de nombreux touristes en France, et surtout à la capitale. Est-ce que ça a eu un impact sur l'activité du Samu de Paris ?

[Frédéric Adnet] (11:29 - 13:13)

Oui, un énorme impact, puisque le Samu de Paris, c'est le Samu zonal, c'est-à-dire le Samu qui coordonne les soins préhospitaliers, de toute l'île-de-France. Effectivement, la mission de la couverture sanitaire des Jeux Olympiques, était une mission qui était largement dévolue au Samu zonal, et donc on a, en collaboration avec la Brigade des Services Pompiers, avec l'ARS, avec la Préfecture de Police, avec le Service de Santé des JOP de 2024, et bien sûr, l'Assurance Publique Hôpitaux de Paris, monté un dispositif de sécurité sanitaire qui avait deux axes. Le premier axe, bien sûr, se préparait à ce qu'on appelle une citisation sanitaire exceptionnelle, qui pouvait correspondre à des mouvements de foule, à une canicule avec beaucoup de coups de chaleur, ou bien sûr, évidemment, un attentat, voire un attentat NRBC.

Ça, c'est le premier axe. Et le deuxième axe, c'est assurer les soins courants, c'est-à-dire qu'on avait 13 millions de touristes qui allaient débarquer à Paris et dans la région parisienne, sans compter les athlètes et la famille olympique, et tout ce monde-là, il fallait quand même leur assurer une couverture sanitaire, et en particulier dans sa phase préhospitalière. Donc on a mobilisé toutes nos troupes, on a dû faire appel à des renforts extérieurs, à coordonner des renforts des Samu de province, et tout s'est bien passé, à la fois dans le dispositif qu'on a mis en place, et aussi dans les actions qu'on a dû faire.

On n'a pas été débordés, ça a été extrêmement calme, mais lorsqu'on a eu besoin de prendre en charge des urgences vitales, dans le cadre des Jeux olympiques, on était présents et on a pu les prendre en charge dans des délais tout à fait raisonnables.

[Aude Guivarc’h] (13:14 - 13:18)

Et est-ce que, selon vous, il y a encore des challenges qui persistent aujourd'hui ?

[Frédéric Adnet] (13:18 - 14:11)

Oui, il y a beaucoup de challenges, bien sûr, puisque le système de santé français ne va pas bien. On a beaucoup de problèmes de nombre de médecins urgentistes, ce qu'on appelle dans notre jargon le RH, les ressources humaines. On a beaucoup de murs qui ferment par défaut de médecins urgentistes.

Donc nos défis, c'est de rendre encore plus attractif la médecine urgence, pour que des médecins puissent s'orienter vers notre spécialité, une spécialité qui est jeune, puisqu'on a créé le diplôme universitaire de médecine d'urgence récemment. Et donc un de mes derniers challenges, ça va être de rendre encore plus attractive la médecine d'urgence, pour pouvoir enfin donner une véritable couverture, qu'elle soit intrahospitalière ou extrahospitalière, pour nos concitoyens dans le cadre de l'urgence médicale.

[Aude Guivarc’h] (14:11 - 14:16)

Et si vous aviez un conseil à donner aux internes, quel serait-il ?

[Frédéric Adnet] (14:16 - 15:06)

De s'inscrire en médecine d'urgence, c'est une spécialité qui est extrêmement riche, qui est plaisante. Il n'y a absolument pas de monotonie, et surtout elle est très satisfaisante pour un médecin, parce qu'il voit le résultat de son action, et son action thérapeutique ou diagnostique, a un impact direct sur la santé du patient, et sur son pronostic, et sur sa qualité de vie.

Et moi ça m'a rendu plein de satisfaction, et je crois que nos jeunes praticiens doivent, bien sûr c'est une spécialité qui est exigeante, parce qu'on est obligé de faire des gardes, les horaires sont un peu difficiles, bien que ça s'arrange d'année en année, mais c'est une spécialité qui rend énormément de satisfaction pour un médecin.

[Aude Guivarc’h] (15:07 - 15:25)

Merci beaucoup M. Adnet, merci énormément d'avoir accepté de partager votre expérience avec nos auditeurs, et j'en profite pour leur rappeler que les ouvrages de la collection Urg’ sont disponibles dans toutes les librairies, et sur notre site librairiejle.com, et chers auditeurs, nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de « Quoi de neuf d’auteur ? ».

[Frédéric Adnet] (15:26 - 15:27)

Merci !

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